Retour et analyse de l’enquête : « COVID19 : quelle continuité des acteurs locaux du champ Jeunesse et Sports via le numérique ? »

Le hub CONUMM se fait le relais d’une enquête menée par la DDCS Vendée du 10 avril au 26 mai 2020, auprès de 150 structures, et portant sur les usages du numérique au service d’une continuité de mission éducative.

Les retours et analyses ci-dessous sont réalisés dans leur intégralité par la DDCS Vendée.

L’objectif de l’enquête :

Elle a pour objectif d’identifier :

  • les types d’usage du numérique concernant l’adaptation des organismes du champ « jeunesse et sport » aux règles de confinement et de télétravail.
  • les bonnes pratiques mais aussi les difficultés en lien avec les usages du numériques pour assurer une continuité de mission éducative. 

Il s’adresse à toutes les associations mais aussi aux structures municipales assurant des missions éducatives en lien avec la jeunesse, la culture, le sport et l’éducation populaire. Il s’adresse aussi bien aux fédérations départementales qu’aux structures ressources (PAVA…), aux associations de jeunesse et d’éducation populaire que des associations culturelles et sportives.

I – Aspects quantitatifs

La participation : 146 structures ont répondu à l’enquête 

Continuez-vous votre activité pendant la période de confinement ?

Les Accueils collectifs de mineurs ont été les plus nombreux à répondre car probablement plus sollicités pendant la période de confinement pour assurer un service minimum d’accueil d’enfants et maintenir une organisation de fonctionnement.

Plusieurs organismes se sont identifiés comme ayant plusieurs domaines d’activité.

Parmi les autres types de structure on retrouve également des collectivités ou services municipaux, des associations de parents d’élèves, des structures privés (entreprises dans le périmètre jeunesse et sports…)

A noter que 120 structures ont répondu avant la fin du mois d’avril et qu’une relance générale aurait peut-être permis d’avoir plus de retours.

Près des ¾ des structures ont déclarés continuer leur activité pendant la période de confinement.

Il faut distinguer les structures déclarant continuer leur activité éducative avec les structures ayant utilisé le numérique. Sur les 40 structures qui n’avaient pas de continuité éducatives, seuls 15 n’ont pas utilisé le numérique pour continuer une activité de travail.

Les usages du numériques – généralités

Les principaux usages concernent les dispositifs de télétravail en interne. A la vu des différents résultats (rubriques de ce questionnaire) le chiffre n’est pas représentatif des modalités d’adaptation de travail en lien avec le numérique. On pourrait par ailleurs considérer que les différentes initiatives lancées pour maintenir le lien (souvent éducatif) avec les publics ou adhérents relève d’une forme de télétravail.

Concernant les dispositifs de formation à distance, la très grande majorité s’appuie sur un écosystème numérique (différentes applications) pour maintenir une action de formation. Seule 2 structures utilisent une plateforme dédiée FOAD (FOrmation A Distance).

La rubrique « mise en ligne et communications de… » regroupe beaucoup de pratiques différentes avec 2 grandes tendances souvent utilisées de manière complémentaire :

  • les communications « traditionnelles » (téléphone et mail)
  • l’utilisation des réseaux sociaux

La dernière rubrique, beaucoup plus floue, concernant le travail de manière interactive ou collaborative avec des partenaires, adhérents ou usagers, va surtout s’apprécier au regard des outils utilisés, et n’offrant pas toujours le même niveau de prestation (donc grande disparité des usages).

Les principales solutions techniques utilisées

  •  La visioconférence : Phénomène de communication révélé par la crise sanitaire, ce type de pratique semble s’être très fortement démocratisé. Pour la grande majorité des organismes, cela semblait constituer une première puisqu’ils ont essayés de multiples solutions, preuve du tâtonnement pour trouver l’outil le plus adapté (et non identifié à l’avance). Au final, on a une prédominance de Zoom suivi de près de Skype/Teams.
  • L’utilisation des réseaux sociaux : C’est avec la visio, l’autre approche principale de communication et télétravail. Sans grande surprise, le grand vainqueur est Facebook avec notamment les pages qui ont remplacé les sites web (très peu cités). Whats’app a été aussi très utilisé mais le plus souvent pour un usage « interne », entre collègues.
  • L’envoi de mails  ainsi que les communications téléphoniques restent encore d’actualité aujourd’hui, dépassant largement l’usage de sites web d’information dédié (remplacés par les pages Facebook, )
  • Les espaces d’échanges de fichiers : ont été moyennement cités, les services Google arrive en tête concernant les différentes solutions de « drive ».
  • La mise en ligne de vidéo (tutos…) : principalement sur Youtube et Facebook, a été également relativement bien utilisée. :
  • Le travail collaboratif : hormis les espaces d’échanges de fichiers, peu de structures se sont emparés des plateformes collaboratives, notamment celles proposées par Framasoft, libres et gratuites et relativement performante. Par contre, Trello, la plateforme de gestion de projet collaborative, a été plusieurs fois citée.

II – Aspects qualitatifs

Introduction sur les enseignements de cette enquête

Les structures étaient invitées à formuler leurs conseils, observations, besoins et autres réflexions. Beaucoup de contributions tournaient autour de réflexions « philosophiques » sur les modes de relation à distance et la prise de conscience à la fois de l’importance aujourd’hui de la sphère numérique (et du besoin de s’emparer des outils numériques) et à la fois de l’importance de garder le contact individuel, physique, présentiel avec le public. L’analyse des réponse met en lumière des constats communs sur les freins, sur les besoins et sur des spécificités propres à des types de structures.

Les principaux freins rencontrés

  • Les freins techniques : Du côté des structures, beaucoup de remontées concernent le manque de matériel, avec souvent l’usage de matériels personnels, une perte de temps consacré à rechercher les bonnes applications et à s’acculturer ou se former à ces différents outils. Par ailleurs, toutes les familles ne disposaient pas des équipements-connexions nécessaires pour continuer à suivre les activités de la structure et certains ont « décrochés » ou ont été perdus de vue.
  • Les freins pédagogiques : une efficacité du distanciel remis en cause par la fatigue du temps d’écran ou le manque d’équipement et d’espace (surtout en situation de confinement) des usagers pour mettre en application les situations, défis, tutos ou entraînements physiques de la part des structures.

La vidéo au service de la pratique physique

Ce sont les associations sportives qui ont majoritairement créé du contenu vidéo pour maintenir un lien et une relative continuité pédagogique. Le plus souvent ces vidéos étaient diffusées sur Youtube ou une page Facebook. Ces vidéos sont surtout le résultat d’initiatives individuelles d’éducateurs qui ont utilisés des moyens légers (smartphone) pour réaliser les vidéos. Les besoins en équipement et en formation ont été largement exprimés.

Pistes de développement :

  • Développer une culture des usages du numérique dans le mouvement sportif
  • Impliquer les comités départementaux dans la création, la collecte, l’organisation et la facilitation à l’accès à des ressources pédagogiques support

Les ACM : maintenir le lien et la communication

Les accueils collectifs de mineurs, s’ils ont pour la majorité d’entre-eux expérimentés la visio pour maintenir une communication d’équipe, ont surtout souhaité maintenir la communication avec les jeunes et les familles en utilisant les outils traditionnels : téléphone, mail et réseaux sociaux (page et groupes Facebook) notamment sur les informations relatives aux conditions d’accueil. Les structures ACM ont été mobilisées pour accueillir les enfants des personnes soignants et ont, de ce fait organisé des activités traditionnelles. Très peu de structures d’accueil collectif de mineurs ont organisé des activités via le numérique (10%). Les projets d’animation à distance tournaient essentiellement sur le lancement de défis à réaliser par les jeunes.

Les ACM ayant un animateur Promeneur du Net semblaient plus réactifs et outillés pour maintenir une animation à distance.

Piste de développement :

  • Développer les usages numériques dans les ACM en privilégiant l’hybridation « présentiel-à distance »
  • Développer des usages de création collective en s’appuyant sur des plateformes collaboratives (dans des domaine variés tels que la création d’histoires, de cartographies, de jeux , de musique en MAO…)
  • Promouvoir les promeneurs du Net

Les têtes de réseaux : un environnement numérique de travail plus complet

Il est à noter un bon équilibre entre les têtes de réseaux appartenant au mouvement sportif (comité départemental sportif) et celles appartenant au champs de la jeunesse et de l’éducation populaire. Il n’y a pas de différence notable en terme d’usage entre ces 2 catégories. Les têtes de réseaux sont logiquement les structures qui utilisent le plus les dispositifs de formation à distance (missions de formation souvent inscrites dans leurs projets d’activités  ). C’est aussi ces organismes qui ont développées le plus les pratiques numériques (abonnement à des services et plateformes, usages déjà expérimentés…)

Piste de développement :

  • Développer les formations de formateurs et les stratégies d’essaimage et de production de ressources accessibles

Pour résumer, 2 besoins principaux largement exprimés : la formation et l’équipement

Il est nécessaire de développer une offre de formation complète, facilement visible et repérable, et rendre ces formations accessibles (si possible tendre vers la gratuité).

Concernant l’équipement, au-delà des matériels informatiques et numériques qui sont la plupart du temps propre à chaque structure (les mises à dispositions restant compliqués sur des besoins qui sont souvent exprimés sur les mêmes temps) c’est aussi la notion d’offre de services (en ligne) qu’il faut mutualiser et développer et la généralisation d’environnement numérique de travail / espaces de travail collaboratif en ligne, à l’instar de ce que fait la ligue de l’enseignement des pays de la Loire qui a mis en place une telle dynamique avec Framaligue (offre de service de type ENT en ligne à disposition pour ses associations affiliées). Des abonnements partagés à des outils de création en ligne (présentations dynamiques, création de capsules vidéo, banques d’images…) pourrait aussi être envisagé.